Le mystère pascal au cœur de l’initiation chrétienne

Le mystère pascal est au centre de l’expérience de foi de l’Église, de son message, de son témoignage, «le mystère pascal est au cœur de l’expérience chrétienne». Voilà pourquoi il est «au cœur de l’initiation».

Nous voici au cœur de la Semaine Sainte, grande semaine liturgique qui nous conduit, par étapes, au cœur de la foi. Christ est ressuscité! Il a vaincu la mort. Sur lui la mort n’a aucun pouvoir… tel est le cœur de notre foi. «Le mystère pascal de la Croix et de la Résurrection du Christ est au centre de la Bonne Nouvelle que les apôtres, et l’Eglise à leur suite, doivent annoncer au monde.» (CEC 571). En effet, «le dessein sauveur de Dieu s’est accompli “une fois pour toutes” (He 9, 26) par la mort rédemptrice de son Fils Jésus-Christ» (CEC 571). Oui, nous le savons, et nous en vivons chaque jour par la foi, le mystère pascal est au centre de l’expérience de foi de l’Eglise, de son message, de son témoignage, «le mystère pascal est au cœur de l’expérience chrétienne», voilà pourquoi il est «au cœur de l’initiation» [cf. TNOC 2, p. 35]. Dans le don libre que Jésus Christ fait de sa vie, c’est le mystère de la vie plus forte que la mort qui nous est révélé et accessible, Dieu s’y donne en plénitude. Voilà pourquoi les évêques de France précisent dans le deuxième chapitre duTexte national,que le mystère pascal est au cœur de l’initiation. L’initiation consiste avant toute chose en la rencontre d’une personne, Jésus Christ. Jean-Paul II (CT 5), Benoît XVI (DCE 1) et le pape François (EG 1) le disent avec suffisamment de constance et de force pour que toute notre pastorale et le déploiement de notre responsabilité catéchétique en soient définitivement marqués.

Responsabilité catéchétique et mystère pascal

En ces jours de la Semaine Sainte, je vous propose quelques points d’attention du Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France (TNOC, 2006) sur le mystère pascal dans lequel nous sommes plongés par les trois sacrements de l’initiation chrétienne (comme les 3650 catéchumènes adultes et d’autres milliers d’enfants et de jeunes adolescents qui recevront également baptême, confirmation et eucharistie dans la grande Vigile de samedi prochain ou lors d’un des dimanches du temps pascal). Ces références au mystère pascal dans le TNOC veulent aider à vivre maintenant et durant la cinquantaine pascale, une dynamique intérieure d’initiation, un renouvellement de notre foi par l’attention portée à la pédagogie d’initiation pleinement irriguée du mystère pascal. Ce pourrait être un appui pour des temps en équipe, lors de rencontres entre accompagnateurs ou catéchistes, dans les bulletins diocésains de catéchèse et de catéchuménat ou sur vos sites…

Le processus d’initiation : rencontre et vie avec le Christ

Le Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France inscrit dans sa trame la dimension trinitaire du mystère pascal [TNOC 2.2, p. 37] qui fonde la richesse de tout le processus d’initiation [TNOC 2.3, p. 39-41]. Il nous dit aussi que les évêques « font le choix de la pédagogie d’initiation » [TNOC 1.3, p. 27]. Il s’agit en effet de grandir sous la conduite de l’Esprit par la rencontre et la vie avec le Christ. « Une formation intégrale qui ne se réduit pas à un simple enseignement » [DGC 29 ; TNOC 1.4, p. 29]. Selon la pédagogie du Christ, le processus d’initiation inscrit la responsabilité catéchétique dans la dynamique du mystère pascal, qui fait devenir chrétien ceux qui la découvrent [cf. TN 2, p. 35-44]. Les évêques affirment qu’« il est possible de faire le choix de croire » [TN 1.3, p. 28]. Ce processus d’initiation allie quatre paramètres indispensables : le temps de la maturation de la foi dans le cœur des croyants ; la vie ecclésiale, car c’est l’Eglise qui engendre à la foi (il est parlé de « milieu nourricier », TNOC p. 31) ; « l’expérience que porte l’Eglise qui honore un contenu objectif de la foi » (TNOC p. 41) ; la provocation au « choix » et à la « décision personnelle » (TNOC p. 41).

La liturgie insère dans le mystère pascal

Le TNOC insiste encore sur le rôle impliquant de la liturgie dans l’initiation. Parce que « l’Eglise croit comme elle prie » (cf. TNOC p. 43), la liturgie est le lieu où l’Eglise expérimente pour elle-même dans toute sa richesse la foi dans laquelle elle est établie. La liturgie est surtout un lieu vivant de l’initiation : dans le langage de la beauté, les attitudes, les déplacements, les gestes et paroles qu’elle fait vivre, elle aide à découvrir comment chaque acte et parole du Christ ont été posés pour « notre salut ». C’est par ce chemin d’expérience que la liturgie insère dans le mystère pascal. Et « le lieu principal où s’inscrit en ce monde le mystère pascal, c’est le sacrement de l’Eucharistie. » (LCF p. 62).

Le mystère pascal comme dynamique d’initiation

Christ _JHerveau

Voici encore quatre accents majeurs qu’indique le TNOC au sujet du mystère pascal comme dynamique d’initiation.

Le mystère pascal édifie l’identité chrétienne

(TNOC, p. 36) Cet événement de la mort et de la résurrection est encore davantage au cœur de la catéchèse parce que c’est l’entrée dans ce mystère pascal du Christ qui réalise en chacun l’édification d’une identité chrétienne solide.

Il accomplit le don de Dieu

(TNOC, p. 39) « Le Christ, dans sa Pâque, accomplit le don de Dieu » (TNOC, p. 38). Il fait parcourir un itinéraire de foi et de vie : entrer dans l’expérience chrétienne fait parcourir tout un itinéraire. C’est lentement et progressivement que prend chair dans une existence le dynamisme que l’Eglise reçoit de Pâques. Sur ce chemin se produisent des avancées et des reculs, des arrêts et des recommencements, des traversées du désert et des pas en avant. « La catéchèse se présente ainsi comme un processus, un itinéraire, une marche à la suite du Christ de l’Evangile, dans l’Esprit, vers le Père, entreprise pour atteindre la maturité de la foi « selon la mesure du don du Christ » (Ep 4, 7) et les possibilités et les besoins de chacun » (DGC 143).

Il renouvelle profondément le regard sur la vie

(TNOC, p. 42) L’initiation est toujours un processus de maturation. Il renouvelle profondément le regard sur la vie (c’est le temps de la conversion). L’initiation confronte les personnes aux exigences évangéliques, mais aussi aux récits bibliques où Dieu se révèle autrement que ce que chacun pense à partir de lui-même. Cette rencontre renouvelle profondément le regard sur la vie ; elle rencontre des obstacles intérieurs qui blessent et entravent l’entrée dans l’expérience chrétienne : dans tout itinéraire se conjuguent à la fois « l’action créatrice de Dieu qui communique à tout être sa bonté, la force engendrée du péché qui limite et engourdit l’homme et le dynamisme qui jaillit de la Pâque du Christ » (DGC 16). Une proposition catéchétique qui ne tiendrait pas compte de ces trois aspects ne serait pas authentiquement chrétienne.

Il introduit aussi dans une vie de partage

(TNOC, p. 55) Quand l’identité chrétienne se construit à partir du mystère pascal, la vie chrétienne devient réponse de gratitude, action de grâce pour le don total et sans condition reçu de la Pâque du Christ. La pédagogie d’initiation trouve là son point d’appui dans l’ordre éthique. Elle introduit dans une vie de partage en réponse au don de Dieu, même si cette réponse n’est jamais à la hauteur du don reçu. Mais la mort et la résurrection du Christ font aussi vivre le chrétien dans la promesse que le don de Dieu déjà reçu s’épanouira pour lui en vie éternelle. C’est pourquoi il n’y a pas de pédagogie d’initiation qui n‘introduise aussi dans la tension entre un don déjà pleinement offert et le désir d’un bonheur que Dieu promet.

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