L’année liturgique, toujours pareille ?

sunset-2525181_1280Fêter quelque chose, un anniversaire ou tout autre événement du passé, nous conduit inexorablement à nous poser une question : quel rapport entretenons-nous avec le temps ?

Pas avec un temps vu de manière générale, mais avec le temps qui passe et qui marque chacun d’entre nous. Nous-mêmes grandissons, nous vieillissons année après année, peu importe que nous soyons adolescents ou adultes.

Une question qui n’est certes pas simple, à laquelle on peut se soustraire en faisant de la fête un étourdissement, ou en ne fêtant rien du tout, comme ceux qui parvenus à un certain âge ne supportent plus leur anniversaire.

Le cercle ou la ligne

Notre rapport au temps peut être représenté par deux images : le cercle ou la ligne. Le cercle exprime une répétition, une succession tranquille des jours, des mois, des saisons… presque une monotonie qui a toutefois une dimension rassurante, que l’on soit jeune ou adultes. Aussi froid que puisse être l’hiver, tôt ou tard le printemps reviendra avec ses fleurs. Il est difficile de voir dans le cercle quelque chose de nouveau; il semble nous emprisonner, sans proposer un sens, le pourquoi de tout ce mouvement répétitif.

Voici alors la ligne: elle exprime beaucoup plus une direction, une voie qui a une origine, des étapes et peut-être aussi un objectif précis. Suivre sa direction demande plus de courage, elle peut signifier aller vers l’inconnu et elle peut faire peur.

Le cadeau de l’eucharistie

L’année liturgique chrétienne pourrait ressembler à un cercle répétitif et monotone exactement tel qu’il est perçu dans la mise en situation. Il est préférable de la représenter comme une hélice laquelle, revenant sur elle-même année après année, indique un mouvement et une direction. La mort et la résurrection de Jésus sont le point de départ de ce mouvement: l’Esprit du Ressuscité, dimanche après dimanche, jour après jour, ne nous rappelle pas seulement les grandes étapes de la vie du Christ mais nous permet de pénétrer leur signification et de recevoir «quelque chose». Dans cette mémoire il y a donc un «cadeau», comme lors d’un anniversaire. Seulement, dans ce cas-là, le cadeau nous est toujours destiné, et ce cadeau c’est l’eucharistie.

Nous le recevons et il nous rapproche toujours plus de l’objectif, de la direction. L’objectif est de devenir «saints comme Il est saint», de comprendre la beauté et la grandeur d’être fils aimés d’un Dieu qui a vaincu pour nous la mort parce qu’il veut nous aimer pour toute l’éternité.

Faire mémoire

« Puis, ayant pris du pain et rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » (Lc 22,23). Le récit de la Cène est sobre, essentiel dans tous les Evangiles synoptiques. Jésus désire «ardemment» vivre ce repas avec ses disciples: durant la Cène il rompt le pain et passe ensuite le calice de vin pour donner «son corps et son sang»; Jésus anticipe ainsi durant la Cène le sens de sa mort sur la croix et le don de sa résurrection. L’Eglise, en obéissant à sa parole, « fait mémoire » de ce don précieux contenu dans la Pâque. A chaque eucharistie l’Eglise célèbre ce don, elle s’en approprie, en rappelant dans la prière consécratoire que ce cadeau est «pour vous et pour la multitude ». Nous nourrir du corps et du sang du Christ, recevoir profondément sa vie divine, nous permet en outre d’atteindre ce qu’à chaque Eucharistie le prêtre demande tout de suite après les paroles de Jésus : « quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l’Esprit Saint, accorde nous d’être un seul corps et un seul esprit dans le Christ». (Prière eucharistique III). Nous grandissons et formons ainsi un seul corps en chemin vers l’éternité.

Textes bibliques :

Quand l’heure fut venue, Jésus prit place à table, et les Apôtres avec lui. Il leur dit : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! Car je vous le déclare: jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement accomplie dans le royaume de Dieu. » Alors, ayant reçu une coupe et rendu grâce, il dit : « Prenez ceci et partagez entre vous. Car je vous le déclare : désormais, jamais plus je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu. » Puis, ayant pris du pain et rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Et pour la coupe, après le repas, il fit de même, en disant : «Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous.

Lc 22,14-20

Le Seigneur parla à Moïse et dit : « Parle aux fils d’Israël. Tu leur diras: Les solennités du Seigneur auxquelles vous convoquerez les fils d’Israël sont des assemblées saintes. Voici ce qui concerne mes solennités. Pendant six jours, on travaillera, mais le septième jour sera un sabbat, un sabbat solennel, jour d’assemblée sainte : vous ne ferez aucun travail. C’est un sabbat pour le Seigneur, partout où vous habitez. »

Lev 23,1-3

Ils étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte de Dieu était dans tous les cœurs à la vue des nombreux prodiges et signes accomplis par les Apôtres. Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun. Chaque jour, d’un même cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple, ils rompaient le pain dans les maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité de cœur ; ils louaient Dieu et avaient la faveur du peuple tout entier. Chaque jour, le Seigneur leur adjoignait ceux qui allaient être sauvés.

Act 2,42-47

P. Pietro Biaggi

Cet article est paru dans dans le n°246 d’Initiales

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  • Souviens-toi … – Initiales n°246

    Je pourrais faire tout l’édito en chansons tant il y a de mélodies qui me reviennent en mémoire dès que je pense au titre de ce numéro : « Souviens-toi, c’était un jeudi » ou encore « souvenirs, souvenirs ». Mais là n’est pas le propos… quoique ! Une chanson ne renvoie jamais uniquement à elle-même mais bien souvent à un évènement, une rencontre, une émotion particulière… à quelque chose qui a compté et qui fait que je ne suis plus ni tout à fait la même , ni tout à fait autre.