Témoigner de la Miséricorde de Dieu, une mission impossible ?

22 mars 2016 : Portrait de Sainte Faustine KOWALSKA, dans une chapelle de la crypte de la Basilique de la Divine Miséricorde, dans le quartier de Cracovie-Łagiewniki. Cracovie, Pologne. March 22, 2016: Portrait of St. Faustina Kowalska, in a chapel located in the crypt of the Basilica of the Divine Mercy in Krakow-Lagiewniki neighbourhood. Krakow, Poland.

Portrait de Sainte Faustine KOWALSKA, dans une chapelle de la crypte de la Basilique de la Divine Miséricorde, dans le quartier de Cracovie-Łagiewniki. Cracovie, Pologne.

Un peu de théologie, L’Oasis n°1 : La Miséricorde.

En catéchèse et catéchuménat, témoigner de la Miséricorde, c’est avant tout vivre du Christ, mais comment ?

Longtemps encore, la nostalgie d’un catéchisme appris et récité hantera les esprits des acteurs de la transmission des données de la foi. Ils répètent, non sans fondement, que les adultes et les enfants ne savent plus rien. Ils déplorent un affaiblissement, voire l’absence d’une mémoire chrétienne, laquelle aurait, en des temps plus favorables, assuré la cohésion des familles, des communautés, peut-être même de la société.

La catéchèse ne peut pas renoncer à proposer, d’une manière ou d’une autre, un ensemble qui s’organise et s’inscrit progressivement et patiemment dans les personnes, les structure dans la foi et les fait membres d’une Église qui a mission d’enseigner.

La pédagogie d’initiation à laquelle invite le Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France ne tourne pas le dos à l’acquisition et la mémorisation de contenus précis. Elle les réintroduit dans la démarche vivante dans laquelle des baptisés jeunes ou adultes acceptent le plus librement possible d’entrer avec le Christ mort et ressuscité et à sa suite.

La catéchèse ne s’enferme pas dans des livres et des documents, qu’elle qu’en soit la valeur rédactionnelle. Elle laisse la place au Christ qui saisit des existences, les illumine de la vie nouvelle du Seigneur crucifié et vainqueur de la mort. Dans l’homélie prononcé à Rome le dimanche 25 septembre 2016 pour le Jubilé des catéchistes, le pape François déclare : « … il nous est demandé de ne pas nous lasser de mettre en premier l’annonce principale de la foi : le Seigneur est ressuscité. Il n’y a pas de contenu plus important, rien de plus solide et actuel. Tout le contenu de la foi devient beau s’il est relié à ce centre, s’il est traversé par l’annonce pascale. En revanche, s’il est isolé, il perd sens et force. »

Nous voilà donc avertis. La foi ne se dit pas dans la compétition des formules et l’excellence de la mémorisation. Elle se reçoit dans une aventure que le Fils de Dieu inscrit dans des existences qui cherchent à tâtons leurs chemins. Elle ne délivre pas le label qui sanctionne positivement un degré d’assimilation. Elle est l’œuvre toujours étonnante de l’Esprit Saint qui remplit de l’Amour de Dieu les aléas des vies personnelles.

Il est clair alors que le catéchiste ou la catéchiste, que ce soit pour des jeunes ou des adultes, ne peut pas se contenter d’assurer la transmission de savoirs et de veiller à leur parfaite intégration dans les têtes et dans les cœurs. Il lui revient de témoigner de la Miséricorde de Dieu dans sa propre vie. La mission renvoie toujours au témoignage que sollicite Jésus lorsqu’il envoie vers les siens ou vers les autorités les personnes qui ont bénéficié de ses bienfaits. Le catéchiste n’enseigne pas Jésus comme l’on fait apprendre les mathématiques ou l’histoire. La catéchèse est action de grâce pour ce que Dieu opère dans le quotidien de celles et de ceux qui se reconnaissent aimés, pardonnés, réconciliés, convertis dans l’événement pascal. Cette expérience est toujours personnelle, mais elle se vit, s’exprime, s’actualise et se célèbre dans toute l’Église présente dans les communautés particulières.

Il est indispensable que paraisse dans l’être et dans la mission du catéchiste la certitude qu’il est lui-même tissé dans la Miséricorde du Père. Il peut en parler et la laisser transparaître parce que dans son être profond il en est le permanent bénéficiaire. Les interlocuteurs ne doivent pas, bien sûr, accéder à l’intimité des catéchistes. Ils doivent pourtant percevoir que celui ou celle qui leur est donné par l’Église comme catéchiste ne leur transmet que ce qu’il vit ou elle vit dans sa relation à Dieu. Ce n’est alors que les contenus prendront toute leur signification ecclésiale.

Nous n’hésitons pas à dire que le catéchiste est homme de la Miséricorde. Il le sait. Il en témoigne. Il est relativement simple de répéter que Dieu est Miséricorde. L’Écriture le proclame à longueur de pages. Il est certainement plus exigeant d’appeler sur lui-même la Miséricorde et d’en donner les signes que le Christ répertorie dans l’annonce du Royaume qui vient.

Si, telle est l’invitation qui est lancée, elle engage sur la voie d’une mission impossible ! Elle le serait réellement si nous restions enfermés dans une vision étroite de la catéchèse. Certes, la mission spécifique du catéchiste ou de la catéchiste est indispensable, mais sa propre faiblesse est assumée par la grâce qui anime toute une communauté, bain vital absolument nécessaire dans lequel le don de la Miséricorde divine dépasse infiniment les pauvres capacités de chaque sujet qui l’implore.

+ Jean-Paul Jaeger, Evêque d’Arras

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