Une catéchèse mystagogique vécue pendant le Temps pascal

21 mai 2006: Catéchèse pour adultes (néophytes et catéchumènes) à la maison paroissiale de St Jean-Baptiste de Grenelle, Paris 15ème.

21 mai 2006: Catéchèse pour adultes (néophytes et catéchumènes) à la maison paroissiale de St Jean-Baptiste de Grenelle, Paris 15ème.

Zoom sur la catéchèse mystagogique. L’expérience racontée a été vécue lors d’une journée de formation relatée dans le bulletin du catéchuménat de mars 2010.

Le rituel de l’initiation chrétienne des adultes (RICA) appelle à vivre des temps de catéchèse mystagogiques durant les cinquante jours du Temps pascal, de Pâques à la Pentecôte … Voici une proposition vécue lors d’une journée de formation, après la célébration de l’eucharistie.

Dans la lumière de cette eucharistie que nous venons de vivre ensemble, j’aimerai vous parler de ce que nous avons vécu.

En effet, la célébration de l’eucharistie n’est pas un acte extérieur à nous-mêmes. La messe n’est pas un rite qui se déroule sans nous, comme de l’extérieur. Non ! Nous vivons ce que nous célébrons. Je pourrai dire aussi bien, nous célébrons ce que nous fait vivre l’action de grâce de l’Eglise. En effet, ce qui se passe nous implique. Nous sommes touchés par ce que nous venons de célébrer. Nous ne nous sommes donc pas seulement remémorés un événement marquant du passé. Nous venons d’être rendus contemporains du Christ qui a donné sa vie en nourriture pour chacun de ses disciples et pour « la multitude ». Et lui s’est rendu contemporain de chacun de nous. Écoutons bien ce que nous a dit l’évêque avec les paroles de la prière eucharistique, qui nous fait entendre, à chaque messe, les paroles mêmes du Christ Jésus qu’il adressait à ses disciples, « la nuit de la dernières cène »1, lorsqu’il leur donnait la coupe : « Prenez et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. »2 Nous étions déjà présents, ce soir-là dans la prière de Jésus. L’humanité entière est présente dans cette parole que Jésus donne à ses disciples. C’est bien à nous tous et à tous nos frères humains que Jésus s’adresse en disant : « pour la multitude ». En effet, le Christ offre sa vie pour tous ! Il n’y a pas d’exclu dans cette offrande. Il n’y a pas d’exclu ni de gens trop éloignés de Dieu qui ne pourraient être rejoints par sa prière. Sa vie est offerte pour tous ! Chacun de nous est donc concerné par ce qui vient d’être célébré.

Et puis, n’entendez-vous pas cet appel lancé depuis 2000 ans et que la prière eucharistique ne cesse de faire retentir aux quatre coins du monde et de l’histoire comme une Messe sur le monde3 : « buvez-en tous » !

Mais, vous me direz, nous ne communions pas souvent « à la coupe » du sang versé. Et bien, c’est bien dommage ! Mais en même temps, personne ici ne va penser que parce qu’il n’aurait pas trempé ses lèvres dans le calice, il n’était pas concerné par ce qui se passait ! D’ailleurs, n’est-ce pas l’un ou l’autre de « l’Assemblée sainte » qui a présenté au diacre le pain et le vin qui allaient servir pour l’offrande eucharistique4 ? Par cette offrande vous êtes concernés. Par cette offrande que la liturgie met en gestes dans cette procession que vous vivez parfois, nous voilà tous impliqués. Ne nous y trompons pas, il ne s’agit en rien d’un geste technique. Il n’est pas question simplement d’apporter quelque chose à quelqu’un. Quand vous voyez le pain et le vin de l’offrande qui sont présentés au diacre ou au prêtre pour qu’ils les portent sur l’autel, ce sont nos vies, la vie des hommes de notre monde et de tous les temps qui sont présentées. Mais n’allez pas imaginer que nos vies sont la matière de l’eucharistie de l’Eglise. N’allez pas imaginer que nous sommes au centre de cette liturgie. Certes, s’il est nécessaire que j’apporte ce qui fait ma vie, il est bien plus nécessaire que je découvre en chaque eucharistie que mon offrande à Dieu est précédée par le don qu’il nous fait lui-même de toute la création et de lui-même. Le président de l’Assemblée, alors placé à l’autel, ne dit-il pas de manière solennelle en s’adressant au Seigneur : « Toi qui nous donnes ce pain… ce vin ». Et n’avez-vous pas répondu : « Béni soit Dieu, maintenant et toujours ». En effet, Dieu est l’acteur principal de toutes nos liturgies et particulièrement de l’eucharistie.

1 Prière eucharistique pour des circonstances particulières.
2 Récit de l’institution qui est commun à toutes les prières eucharistiques.
3 Cf. Teilhard de Chardin, Messe sur le monde.
4 PGMR 49 : « c’est un usage à recommander que de faire présenter le pain et le vin par les fidèles… »

Approfondir votre lecture