Juifs et chrétiens. Repères pour dix-neuf siècles d’histoire et pistes de réflexions

Juifs et chrétiens. Repères pour dix-neuf siècles d’histoire. Béatrice de Varine, DDB, 2013, 32 €

Depuis le concile Vatican II (1962-1965), l’Eglise a fait de nombreuses recommandations aux catholiques pour qu’ils portent un « nouveau regard » (estime) sur le peuple juif dont Jésus lui-même est issu.

Mais comment avoir ce nouveau regard si l’on ne sait pas vraiment ce qu’a été « l’ancien regard » (le mépris) ? Ecrit par une historienne, très engagée dans le dialogue judéo-chrétien en particulier au SIDIC animé par les religieuses de Notre Dame de Sion et enseignante au collège des Bernardins, cet ouvrage nous propose des « repères pour 19 siècles d’histoire ».

Juifs et chrétiens : repères pour les catéchistes

Ce livre pourra intéresser de manière large tous ceux qui sont engagés dans le dialogue judéo-chrétien et qui souhaitent comprendre comment l’histoire donne du sens à ce que nous vivons aujourd’hui et comment a pu naître au cours du concile Vatican II la constitution « Nostra Aetate », véritable révolution pour l’Eglise catholique. Les spécialistes pourront y trouver aussi de nombreuses notes et notices bibliographiques rassemblées dans cet ouvrage.

La lecture est facilitée par le style simple et clair et la mise en page qui compte des encadrés par exemple. Le livre commence par une description de la vie en Israël au 1er siècle avant notre ère et un chapitre est consacré à l’élaboration du Talmud avant d’entrer dans le cœur de l’ouvrage avec la naissance « d’un juif nommé Jésus » puis celle de la communauté des disciples « judéo-chrétiens » et l’accueil des gentils. Nous savons que cette période fait l’objet aujourd’hui d’études qui renouvellent notre pensée (particulièrement les recherches du rabbin Daniel Boyarin).

Du bassin méditerranéen à l’Europe entière, du Moyen Age aux dernières décennies du XIXe siècle, l’auteur évoque les heurts et malheurs mais aussi des moments d’enrichissements mutuels dans les relations entre juifs et chrétiens…mais rien ne laissait prévoir alors l’ouverture des camps de la mort et la shoah. De ce choc pourtant naîtront les moments de « repentance » qui nous permettent aujourd’hui entre certains chrétiens et certains juifs au moins d’entrer dans une relation de confiance et un dialogue fructueux. Comme le note Raphy Marciano, directeur du Centre communautaire de Paris, dans sa postface : « L’Eglise a changé et le regard des chrétiens a évolué. Notre devoir à nous, Juifs et Chrétiens est de poursuivre ce chemin de rencontre et de partage. »

Même s’il s’agit d’un ouvrage volumineux, sa lecture apportera bien des éclairages aux catéchètes.

Pour aller plus loin

Voici en complément quelques pistes de réflexion fructueuses, proposées par le père Luc Mellet, pour ouvrir les catéchistes à cette lecture.

Télécharger les pistes de réflexion

Le fait qu’Israël ait duré à travers l’histoire, malgré les vicissitudes qu’il a enduré, y compris de la part des chrétiens, rejoint la question théologique de la Promesse et de l’Alliance « sans repentance » que Dieu a scellée avec Abraham et sa descendance à jamais. Dieu est fidèle !

L’histoire difficile d’Israël au 1er siècle de notre ère, en Terre Sainte, semble se solder par un échec radical : la destruction du Temple (en 70 par Titus) et l’éradication de Jérusalem et du peuple juif dans son organisation politique et religieuse après la seconde guerre juive (132-135, Bar Kokhba). Ceci ne permet as de valider la théorie de la substitution qui laisse penser que le christianisme naissant « remplacerait » dans le plan divin de Salut le peuple de la première Alliance. L’Eglise ne se substitue pas à Israël. L’Eglise n’est pas le « véritable Israël ».

Le judaïsme moderne (judaïsme synagogal depuis près de vingt siècles) comme l’Israël ancien de l’époque de Jésus ne cesse de lire les Ecritures comme traces de l’Alliance amoureuse de Dieu avec son peuple, inscription de Dieu dans l’histoire des hommes. La réception par les chrétiens des livres du Nouveau Testament n’invalide pas la valeur des Ecritures Juives. Elles ne sont pas la présentation d’un Dieu violent (thèse de Marcion au 2ième siècle, rejeté par l’Eglise) ni seulement la « préfiguration » du Christ révélé ensuite dans la pleine lumière des évangiles (thèse de l’allégorisme total). Les Ecritures Juives (« Ancien Testament ») sont aussi et d’abord la manifestation de l’amour de Dieu aux hommes dans l’histoire de son peuple.

Les rapports difficiles des juifs et des chrétiens dans les premiers siècles et spécialement dans les premières décennies de l’ère chrétienne ne relèvent pas d’un « antijudaïsme » de type « racial » mais de l’impossibilité religieuse pour les juifs d’accepter, issue de leur chair, une communauté religieuse qui ne semble pas respecter l’absolue transcendance de Dieu en parlant d’un Fils de Dieu incarné, et de la mort de Dieu en croix. Ces tensions sont le fait d’une tendance pharisienne que les évangiles dénoncent mais ne sont pas le fait du peuple juif comme tel. Israël n’est pas le « peuple déicide ».

Les quatre premiers chapitres (pp. 15-122) de cet ouvrage sont ainsi une aide précieuse à la connaissance de l’histoire du Judaïsme et au repérage de questions catéchétiques fondamentales qui éclairent aujourd’hui encore la « responsabilité catéchétique de l’Eglise » et de chacun de nous.

P. Luc Mellet, directeur du SNCC

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